En 1934, Pablo Picasso visite les collections d’art Roman de l’actuel Musée National d’Art de Catalogne. Il part le lendemain pour Paris et ne reviendra plus jamais en Espagne. De cette visite ainsi que de son précédent séjour au village de Gósol dans les Pyrénées (1906), Picasso gardera sa vie durant un puissant souvenir de l’Art Roman. L’exposition “Picasso-Romanic” supervisée par Juan José Lahuerta et Emilia Philippot, met l’accent sur la relation entre l’artiste malaguène et une des collections d’Art Médiéval les plus importantes d’Europe. L’ensemble de la quarantaine d’oeuvres (huiles, dessins, céramiques, sculptures) et de la sélection de documents d’archives jamais exposés auparavant, provient du Musée Picasso de Paris. Ce corpus se structure autour de trois axes thématiques pincipaux : le séjour à Gósol de 1906, la crucifixion, le crâne. Le projet de conception et de scénographie répond au défi principal de cette exposition :

Faire en sorte que les fresques romanes, les structures en bois des absides reconstruites, la complexité des espaces et le parcours labyrinthique des salles dédiées à l’art Roman du Mnac, ne phagocytent pas les oeuvres de Picasso de si petites dimensions. C’est alors que nous avons décidé de regrouper les oeuvres de Picasso sur de grands panneaux blancs, rappelant l’idée de parois d’une galerie d’art contemporain. Ces panneaux deviennent des cadres tridimensionnels, mettant en exergue la préciosité des oeuvres sur un fond homogène et clair. Les parois, toujours détachées des murs sont rendues semblables à des feuilles, par la découpe en diagonale des bords latéraux. Elles constituent un dipositif simple et efficace qui, comme en une mise en abîme, permet au visiteur d’identifier clairement les acteurs du dialogue que cette exposition remet en scène.